Autisme

Il existe de plus en plus de témoignages de personnes autistes qui ne peuvent pas parler mais qui peuvent communiquer par un autre moyen. On dit qu’elles sont « verbales non oralisantes ».

La plupart du temps, ces personnes s’expriment en épelant les mots sur une planche de lettres, un clavier ou une tablette. Ils communiquent de manière indépendante.

Les personnes les plus connues sont Naoki Igashida (Japon), Carly Fleischmann (Canada), Tito Mukhopadhyay (Inde), Ido Kedar (USA). Et en France, Nicolas Joncour et Babouillec.

Toutes ces personnes témoignent d’une compréhension et d’une intelligence préservées dans un corps sur lequel elles ont très peu de contrôle et surtout un contrôle aléatoire. Toute réponse motrice, fine ou globale, est problématique.

Ces personnes sont très difficilement évaluables. En effet, toute évaluation demande une réponse motrice et c’est exactement là qu’elles sont en difficulté. Même si elles comprennent et savent ce qu’il faut faire, elles ne le peuvent pas.

Or la plupart des interventions dans le domaine de l’autisme sont basées sur l’évaluation. Les objectifs de travail sont fixés à partir des résultats des évaluations. Alors si l’évaluation ne reflète pas les capacités réelles de la personne autiste, le travail n’est pas adapté.

En partant de ce constat, l’idée est d’inverser le processus. Au lieu d’évaluer et de fixer des objectifs à partir des résultats de l’évaluation, on part de l’objectif : Communiquer. On construit ensuite les compétences « à l’aveugle », sans chercher à tester la personne pour être sûr qu’elle comprend.

Cela demande à changer de façon de penser.

Les personnes autistes doivent avoir droit à la « présomption de compétence ».

Comme les difficultés décrites par les personnes autistes non oralisantes sont de l’ordre des troubles dyspraxiques, on va proposer un moyen de communication robuste demandant un contrôle moteur et oculo-moteur restreint. Après la parole, le moyen de communication le plus riche est le langage écrit. Nous allons donc apprendre aux personnes autistes à épeler lettre par lettre les mots. Au début, on utilisera le maximum de guidances pour obtenir l’épellation, en prenant garde de ne pas essayer d’évaluer les compétences. La première étape est de réussir à obtenir le geste d’épellation, peu importe si le « professeur » doit montrer la lettre correcte.

Une attention toute particulière est portée sur le fait de ne pas toucher la personne autiste au moment précis de l’épellation, afin de construire l’indépendance du geste. L’objectif final est d’obtenir une communication indépendante.

Le renforçateur, en RPM, c’est le Savoir ! Les compétences sont travaillées pendant des leçons dont le contenu correspond idéalement à l’âge de l’enfant. Le goût d’apprendre devient petit à petit le moteur des séances de RPM.

La RPM n’est pas la seule méthode qui propose un apprentissage de l’épellation.

La S2C (Spell 2 Communicate) est une autre méthode qui se développe dans le monde.

La RPM et la présomption de compétence

La RPM n’est pas la seule méthode qui propose un apprentissage de l’épellation.

La S2C (Spell 2 Communicate) est une autre méthode qui se développe dans le monde.

En 2021, en reprenant le travail après un congé parental long, j’ai voulu actualiser mes connaissances sur l’autisme.

Parlant anglais, j’ai lu le livre de Temple Grandin, « The way I see it », 5ème édition.

Dans un des chapitres, elle nommait Naoki Higashida, auteur du livre « Sais-tu pourquoi je saute ? » et Carly Fleischmann, auteure avec son père, du livre « Carly’s Voice ». J’avais déjà lu ces livres car je suis toujours très intéressée par les témoignages des personnes autistes elles-mêmes. Ces deux auteurs s’expriment en épelant leurs textes sur une planche de lettres ou un clavier.

Lorsque je les avais découverts, j’avais été enthousiasmée. Mais je pensais qu’ils étaient des exceptions.

Dans son livre, Temple Grandin parlait aussi d’un troisième auteur que je ne connaissais pas, Tito Mukhopadhyay, et de son livre « How can I speak if my lips don’t move ? ». Je l’ai lu. J’ai découvert que Tito avait une maman, Soma Mukhopadhyay, et que cette maman avait développé une méthode pour permettre, entre autres, aux personnes autistes d’accéder à la communication par l’épellation. J’ai découvert que Naoki, Carly et Tito n’étaient pas les seuls à réussir à épeler pour communiquer, qu’ils étaient nombreux. J’ai découvert que quoiqu’autistes profonds, ils étaient intelligents, qu’ils comprenaient tout.

Et mon monde a changé.

J’ai lu les livres de Soma Mukhopadhyay expliquant les bases de sa méthode, la Rapid Prompting Method (RPM).

J’ai commencé à essayer d’appliquer la RPM avec quelques patients.

J’ai fait la formation niveau 1 à la RPM en visioconférence avec Soma en août 2021.

Après 2 ans de tâtonnements et de travail auprès de mes patients autistes en école maternelle, j’ai finalement obtenu ma certification  en tant que « RPM practitioner Level 1 » en août 2023.

 

La RPM